Vendredi 9 mai 2025 - Un voilier s'échoue juste devant le port de Sauzon. Grosse voie d'eau et grosse frayeur pour ses occupants…
Il fait beau en ce début de matinée de printemps, mais un vent de nord - nord-est crée un clapot soutenu qui rend le mouillage devant Port Bellec – juste au nord du port de Sauzon – inconfortable, voire dangereux, car le mouvement continu des vagues permet de « scier » une amarre en quelques heures, comme l'ont constaté les occupants d'un voilier de 10 m, venus mouiller là pour la nuit.
Bien endormis dans leur bateau, ils ont été réveillés au petit jour par les chocs et les craquements de leur coque qui s'éclatait sur les rochers.
Le CROSS Étel est appelé, qui déclenche les pompiers pour aider les passagers du voilier à débarquer, et le canot Belle Isle qui appareille de Palais à 8h36 pour arriver 15 minutes plus tard à Sauzon.
Tous les passagers – sains et saufs – profitent de la marée basse pour débarquer par la terre, et 2 équipiers passent sur le voilier. Une inspection rapide leur permet de constater un envahissement important du bateau, et l'impossibilité de le remorquer avant la pleine mer car il est posé sur les rochers, la quille coincée dans une faille, et entouré de roches affleurantes.
Avec l'aide du plongeur des pompiers, une ligne est passée entre la bouée de mouillage la plus proche et l'arrière du bateau, pour éviter qu'il avance plus dans les rochers, mais nous devons attendre la fin de matinée pour pouvoir transférer à bord la motopompe permettant de le vider et de lui redonner de la flottabilité.
11h56, un des semi-rigides de la Capitainerie transfère deux équipiers à bord du voilier avec la motopompe. Ils commencent l'assèchement, mais l'eau entre plus vite qu'elle ne sort et le niveau monte rapidement avec la marée. Il faut évacuer.
Entre temps, le propriétaire du bateau, le responsable de la société de location et un plongeur sont arrivés de Lorient.
Ils décident de tenter une réparation de fortune à basse mer – vers 22 heures – pour nous permettre de pomper l'eau et de remorquer le voilier dans le port dans un premier temps, où il sera beaucoup plus facile de colmater la brèche pour envisager un retour vers Lorient, son port d'attache.
À 20 heures, le canot et son équipage sont de retour à Sauzon. Comme il y a encore assez d'eau, la motopompe est passée à bord du voilier grâce au semi-rigide de la Capitainerie du port.
Un peu avant 22 heures, la mer est basse. Une plaque a été fixée sur la coque par le plongeur, maintenue au niveau de la brèche par des vis et deux sangles.
Deux équipiers passent par les rochers pour accéder au bateau et commencer l'assèchement. Tout se passe bien, hormis la crépine d'aspiration qui se bouche régulièrement par une quantité impressionnante de papier toilette en suspension dans l'eau, et que le plongeur resté à bord doit sans cesse dégager.
Le niveau d'eau baisse bien dans le bateau et celui-ci se redresse réguilèrement avec la marée. Nous sommes optimistes !
Cependant, le vent qui s'était calmé en fin de journée, fraîchit avec la nuit, le clapot s'accentue et fait taper le bateau qui commence tout juste à flotter.
Une des sangles qui maintenait la réparation cède. La plaque qui bouchait la brèche s'écarte et la motopompe ne parvient plus à compenser l'envahissement. Le voilier recommence à couler.
De nuit et dans le chaos de la mer qui secoue le bateau en tous sens contre les rochers, il est près de 23h30 quand un des membres de la Capitainerie à bord de son Zodiac accompagné d'un équiper du canot arrivent enfin à récupérer le plongeur, la motopompe et les deux sauveteurs. Moment intense !!!
Le voilier est abandonné à son triste sort. Il devra être renfloué par une société spécialisée utilisant des plongeurs et du matériel dont ne dispose pas la SNSM.
Minuit et demie. Le canot arrive à Palais, où, avant de regagner son poste, il escorte un voilier au mouillage devant le port. Il allait subir le même sort que celui de Sauzon, ses amarres s'étant rompues pour la même raison. Pas de naufrage cette fois-ci.
Bilan : beaucoup d'efforts pour un voilier qui n'a pas pu être ramené au port. Ses occupants sont tous sains et saufs.
Équipage SNSM : Charles Roussette, Yves Bertho, Pierre Mouty, Cyrille Nesle, Elouan Rousselot.
Un grand merci : à Arthur, Erwan et Yann de la Capitainerie (ils ont été super !) et aux pompiers de Belle-Île, toujours présents et efficaces.